Je me souviens encore du moment où je me suis dit « Je n’aurai plus jamais d’enfant ». C’était quand l’infirmière m’enlevait les fils de ma césarienne pratiquée en urgence pour cause de prééclampsie. Des larmes coulaient toutes seules le long de mes joues et j’étais vraiment à bout. La naissance de mon petit préma à 35SA a été une chose traumatisante pour moi. C’est vraiment le mot à utiliser. J’étais tout sauf prête à l’accueillir, j’étais malade sans le savoir, ce n’étaient vraiment pas des conditions idéales.
J’ai mis longtemps à panser mes plaies. Mes plaies physiques, et les autres, celles d’une étudiante qui ne savait pas dans quoi elle se lançait, à quel point sa vie ne ressemblerait plus à celle des autres de son âge. J’étais tout le temps sur la défensive, quand quelqu’un (qui ne me connaissait pas assez parce que les plus proches savaient ce par quoi j’étais passée) évoquait l’éventualité d’un deuxième enfant. Se rendaient-ils seulement compte de la gravité de ce que nous avions traversé? Un cousin que je fréquente peu m’a même dit « on n’est pas à Hollywood ici, tu n’as pas failli mourir! Alors c’est quand le deuxième? ». Je lui en ai voulu pendant des mois.
Et puis il y avait les autres parents qui rebelotaient. Je les prenais pour des fous. Ou des masochistes. Je ne comprenais pas qu’ils aient envie de remettre le couvert, re-changer des couches, ne plus dormir la nuit, trimballer de nouveaux toutes ces affaires de puériculture. Je ne les comprenais vraiment pas.
Puis le temps a passé, Tit n’amour a grandi, nous apportant chaque jour plus de bonheur que la veille et gagnait en autonomie. J’ai fini mes études, j’ai commencé à travailler, on a trouvé une maison… Et plus j’entendais ces parents de plusieurs, et plus j’ai commencé à les envier. N’ayant que des demi-frères et soeurs avec qui je n’ai jamais vécu ou que peu de temps, je me suis mise à avoir envie pour mon fils de quelqu’un avec qui il partagerait des moments privilégiés, une famille. En voyant ces images, en entendant ces mots, j’ai réalisé que je voulais vraiment que mon fils ait au moins un frère ou une soeur. Ce n’est pas la seule raison bien sûr, il faut bien avouer qu’avait surgie une nostalgie inattendue pour la grossesse, pour la couvade d’un nourrisson, pour les moments magiques avec bébé.
Monsieur Dada n’avait pas eu le même cheminement que moi et était déjà prêt à agrandir notre famille.
ça m’aura bien pris trois ans pour me dire que oui, je referais bien un enfant. J’étais prête (l’est-on jamais vraiment?) à retenter l’aventure, après tout ce temps.
Et aujourd’hui en ce jour de fête des mères, alors que mon grand bébé de quatre ans et demi me récite un poème émouvant à en pleurer, et après ce gros racontage de life, je vous annonce avec beaucoup de bonheur que je serai bientôt une deuxième fois maman et que nous avons tous hâte de commencer notre nouvelle vie à 4!